Maxime Bézin : « C’est une opportunité incroyable de jouer une finale de Coupe du Monde »

Quelques jours après la fin de sa campagne mondiale avec l’Equipe de France U19 masculine, le coach du LMB nous a accordé une heure pour évoquer cette bulle, cette parenthèse enchantée. L’oeil est brillant, le sourire au coin des lèvres et la fierté palpable. Morceaux choisis…

Bonjour Maxime. Tu rentres tout juste de Debrecen (Hongrie). Dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui (ndlr : interview réalisée jeudi 6 juillet) ?
Bonjour. Je suis toujours un peu déçu et pour autant fier de ce que l’équipe a pu réaliser.

As-tu le sentiment d’avoir vécu quelque chose de spécial ?
Oui. Très clairement on n’a pas la chance de jouer une Coupe du Monde toutes les saisons, encore moins d’aller en finale. Donc oui, ce que j’ai vécu est spécial à la fois parce que cela s’est déroulé dans un contexte totalement différent de celui du club et aussi parce qu’on représentait une nation.

Où classes-tu cette expérience dans ta carrière de coach ?
Bonne question (sourire, il hésite). Je ne saurais pas nécessairement la classer par contre il y a deux matchs qui resteront forcément dans ma mémoire : la demi finale contre Team USA parce que cette nation représente le berceau du basket et parce que nous sommes la première sélection française hors seniors à les avoir battus en compétition officielle. Ils n’avaient pas perdus depuis 10 ans !!! Et le deuxième c’est forcément la finale. C’est une opportunité incroyable de jouer une finale de Coupe du Monde. Je ne suis pas certain que ça m’arrive à nouveau dans ma carrière d’entraîneur. Nous avons joué totalement décomplexés face aux espagnols et nous nous sommes montrés la voie pour pouvoir gagner demain.

Si on revient un peu plus sur ces derniers mois, quand as-tu été sollicité par la FFBB pour intégrer les U19M ?
En janvier entre le match de Boulazac et celui de Vichy. Le sélectionneur m’a appelé pour savoir si le projet d’assistant en charge de l’animation offensive pouvait m’intéresser.

Cela a-t-il représenté une grosse charge de travail en plus de celle du LMB ?
Le sélectionneur a essayé de me solliciter le moins possible compte tenues de nos échéances avec Lille. Mais je suis quelqu’un de curieux, qui n’avait pas d’expérience sur les sélections masculines et encore moins en championnat du monde. J’ai regardé les championnats continentaux d’Asie, d’Afrique et des Amériques pour pouvoir m’acculturer à ces philosophies basket que je ne connaissais pas nécessairement.

Vos premières sorties ont été un peu « approximatives » au regard de votre potentiel. Quel effet cela a-t-il eu ?
On a la chance d’avoir un vivier de jeunes joueurs talentueux intarissable, ce qui a amené à de nombreux changements d’effectif au sein de la sélection de cette génération. Il a fallu que tout le monde comprenne son rôle et sa place. La défaite face aux U20 portugais a amené le staff à se questionner et préciser ce qu’on souhaitait mettre en place offensivement et défensivement. C’est le déclencheur de l’évolution positive et de la progression que l’équipe a eu tout au long de la campagne. La défaite en poule face aux espagnols a questionné le staff et les joueurs sur la quantité et la hiérarchie des informations données au groupe sur ses adversaires. C’est ce qui donne la différence entre le match de poule (-19) et la finale face à ces mêmes espagnols (-4).

Comment avez-vous géré l’absence de garçons qui auraient pu être appelés de part leur âge mais qui ne pouvaient l’être en raison de leurs sollicitations actuelles (Draft NBA) ? On pense à Wenbanyama notamment.
On s’est concentrés sur les qualités des joueurs de l’effectif. C’est la où je dis que le vivier est intarissable. Certaines nations n’auraient pu faire sans ces joueurs-là et c’est tout à l’honneur de tous les formateurs français de réussir à former et révéler autant de joueurs de cette trempe, de ce niveau. La question ne s’est au final même pas posée.

As-tu senti un état d’esprit particulier au moment d’aborder la compétition ?
La compétition, l’arrivée en Hongrie a changé l’état d’esprit. Ca a débuté avec le tournoi à Orléans. Mais l’arrivée en Hongrie a changé beaucoup de choses. On a vu des joueurs devenir des compétiteurs et un staff se mettre totalement au service d’une sélection.

Ce qui frappe, c’est surtout la montée en puissance du groupe au fil de la compétition !
Oui ca part du match face aux portugais. Chaque joueur a pris conscience du rôle qui était le sien et de ce que les autres pouvaient attendre d’eux. Plus la compréhension de ce rôle a été importante, plus l’équipe a performé et nous a amené vers ces phases finales. C’est monté crescendo entre le quart, la demie et le titre de vice champion.

Avec en point d’orgue la victoire en demi-finale face team USA…
C’est incroyable de battre la nation du basket. En jeunes, on n’avait pas trouvé les clés pour les battre. Les A nous ont décomplexés et montré qu’on pouvait le faire. Au moment de les jouer, il n’y avait aucune crainte de notre part, bcp d’excitation. On a abordé ce match en se disant qu’on pouvait le faire. On avait montré des images des A sur la façon dont ils ont manoeuvré Team USA pour les battre. S’est dégagée du groupe une force collective qui nous faisait dire qu’on pouvait le faire. Mais entre le dire et le faire, il y a un monde, que les joueurs ont comblé.

Et l’ascenseur émotionnel de la finale le lendemain
Je vais faire un parallèle avec la saison du LMB. A quelques secondes près, on aurait été en demi finale de Pro B et à quelques secondes près, 14, nous aurions pû être champions du monde. Nous sommes à +7 à quelques minutes du terme. On a dominé les espagnols là ou ils nous font mal d’habitude : le jeu de passe et la maîtrise du rebond. Et puis nous avons un moment d’égarement dans un momentum important qui fait que notre adversaire a repris la possession du match. On a une balle de match à 14 secondes. L’ascenseur dont tu parles n’est pas lié à l’enchaînement USA puis Espagne mais il est lié au fait qu’on avait la sensation qu’on avait ce match entre les mains et qu’il nous a échappé.

Ce résultat et cette compétition seront peut-être une étape dans ta carrière d’entraîneur ?
En tout cas, ca a été très enrichissant. La question, c’est qu’est-ce que je vais être capable d’en faire. Les leçons à tirer face à Orléans et celles face aux espagnols mais aussi celles des matchs contre les USA et la Serbie. Je n’ai pas envie d’avoir du recul de suite la-dessus mais si j’en fais bon usage, ce sera forcément un plus pour mon avenir et ma carrière.

As-tu déjà pris rendez-vous pour les prochaines compétitions internationales ?
(il sourit). C’est un rêve que de représenter une Equipe de France. J’aimerais prendre rendez-vous avec les sélections pour les années à venir. Maintenant on verra ce que la DTN voudra faire dans le futur. C’est aussi un vrai sacrifice familial et il y aura aussi des réflexions familiales à avoir. Si je ne me base que sur mon coeur, j’espère que ce n’est qu’un acte manqué et que j’aurais l’occasion de rectifier cet acte manqué dans les années à venir.

Merci Maxime

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