Jean-Victor TRAORE : « Je veux aider à faire grandir cette famille »

Jean Victor Traore à l'entrée sur le terrain lors de son dernier match

Il a troqué le short et le ballon orange pour le jean et le téléphone portable. Quasiment un mois après le dernier match de sa carrière, Jean-Victor Traore nous raconte comment il est en train de passer de sa vie d’avant, faite de sueur et de sacrifices à une autre pas si différente finalement, dans les bureaux du LMB.

Bonjour jean-Victor. Le 13 mai dernier, tu as mis fin à ta carrière de sportif professionnel. Rétrospectivement, comment as-tu vécu cette journée ?

Tu vas être surpris mais je me suis senti très apaisé. J’étais tendu bien sûr, j’avais de la pression mais en moi, je me sentais apaisé sûrement parce que j’avais tous mes proches, mes amis autour de moi. Je savais qu’ils géraient l’à-côté et moi j’avais juste à profiter de ma dernière journée. Je n’étais pas dispersé.

Pendant le temps du match, c’était beaucoup de pression jusqu’à la dernière minute où je sors. C’est le premier moment où j’ai enfin pu me relâcher et je me dis « ouf, l’objectif maintien est atteint, l’objectif de ma carrière (ne jamais vivre une descente avec un club), ne pas décevoir mes proches, le club, les fans, réussir cette journée-là est rempli ». Tout était coché à partir de cette 39ème minute. Le reste c’était juste un déferlement d’émotion, de joie, de partage, de soulagement jusque tard dans la nuit….

L’enjeu était important pour toi, le groupe et pour le club. Mais tout le monde a su répondre présent.

C’était difficile mais rassembleur. Ça peut être destructeur mais pour nous ça a fonctionné. Et quand je dis tout le monde, je pense vraiment à toute la famille LMB.

Tu as reçu beaucoup de témoignages juste après. Est-ce que ça correspond à l’image que tu te fais de ta carrière ?

On m’a beaucoup parlé des valeurs que j’incarnais plutôt que des accomplissements sur le terrain que j’ai pu avoir. On m’a parlé de l’homme que je suis plutôt que du joueur que j’étais. Ça m’a fait plaisir car l’homme passe avant le joueur. Un ami à moi disait : « je ne suis pas basketteur, je joue au basket ». La différence est fine je suis d’accord mais elle est symbolique. Je me reconnais bien dans cette phrase.

Tu as toujours laissé l’image d’un joueur-relais entre le staff et les joueurs, le banc et le terrain, le vestiaire et les bureaux. Est-ce important pour toi ?

Je suis né avec ça car c’est comme ça que mon père est : un médiateur. Sans chercher à le faire, c’est plus fort que moi, c’est en moi. Je vois mon père dans beaucoup de choses que je fais maintenant.

Lille, le LMB pour toi, c’est quoi. Ça représente quoi ?

Lille représente l’éclosion. Sportivement c’est le lieu où j’ai le plus brillé individuellement, où j’ai fondé ma famille. Mon projet professionnel après-carrière est né ici. Pour moi, c’est ça. Le LMB, c’est comme une famille à qui tu te sens redevable de quelque chose parce qu’elle t’a donné. Ils ont parié sur moi, ont cru en moi.

Ce qui explique ce que tu as commencé à faire depuis quelques semaines. Tu peux nous en parler ?

D’où ma volonté d’aider à faire grandir cette famille. Le meilleur moyen d’améliorer les choses, c’est de l’intérieur. Une fois de plus, le LMB a cru en moi et nous avons pu co-construire ce projet.

C’est un long processus que tu as entamé il y a un moment. Cette idée ne date pas d’hier…

Ça ne s’est pas fait sur un coup de tête. C’était une volonté et une réflexion menée ensemble. Ma décision de ne pas faire ma dernière au Portel ou de ne pas accepter leur prolongation a été liée à ce choix de préparer mon après carrière de joueur.

Comment arrive-t-on à gérer carrière pro et reconversion, surtout quand on a une vie de famille comme toi ?

C’est lourd à gérer, ça demande beaucoup d’investissement mais ça apporte aussi une certaine ouverture d’esprit qui a été bénéfique sportivement pour cette dernière année. C’est moins de temps de distraction. Je l’ai partagé entre le terrain, les cours et la famille. Au final, ça m’a apporté une belle balance car quand le terrain va moins bien, tu as d’autres préoccupations dans lesquelles te projeter.

Jean-Victor Traoré est donc le manager général du club. Quel est ton périmètre ?

C’est une gestion à 360 degrés avec l’ensemble des compartiments du club, qu’il s’agisse du sportif comme de l’administratif.

C’est large. Comment appréhendes-tu tout cela ?

Je l’appréhende comme une nouvelle saison qui arrive avec ses nouveautés et ses inconnues. Tu dois te familiariser avec des nouveaux collègues, un nouveau fonctionnement et en même temps tu dois garder ce qui fait ta force, ton savoir-faire que tu dois mettre au sein de ce nouvel environnement. Je suis serein mais conscient de l’investissement nécessaire.

Ton arrivée symbolise forcément quelque chose pour le LMB, en termes d’ambitions.

Mon arrivée matérialise l’ambition et la volonté du club de se structurer, de s’étoffer et de mieux rayonner sur le territoire.

Quels sont les chantiers prioritaires ? Sur quoi le LMB veut-il évoluer cet été ?

Forcément la priorité est le projet sportif. La période s’y prête bien. Nous sommes aussi à la fin d’un cycle et il faut re-batir l’équipe tout en gardant le projet club, une politique de formation avec, au centre, des valeurs fortes. Le deuxième champ d’investigation c’est la communication. Il faut marquer le changement, j’ai envie qu’on change de braquet pour être plus proche de nos publics.

C’est aussi la volonté de cultiver son histoire et de garder dans son giron les personnes qui en ont été les plus beaux ambassadeurs lorsqu’ils étaient joueurs.

Oui à l’image de Nico avec qui on était co-capitaines sur le terrain. Nous continuons désormais de collaborer d’une autre manière toujours aussi solidaire et toujours au sein du LMB (ndlr : Nicolas Taccoen est ambassadeur du LMB).

As-tu une phrase qui t’a habité en tant que joueur et que tu veux transposer dans tes nouvelles fonctions ?

Stay hungry, stay foolish (Steve Jobs).

Traduction : Soyez affamé, soyez fou.

Merci pour le temps consacré Jean-Victor

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