Le bilan de la saison du LMB avec Maxime Bézin

Maxime Bézin entraîneur du LMB

Quelques jours après un maintien acquis dans une ambiance de folie, l’entraîneur du LMB revient avec nous sur sa première saison en tant que coach de l’équipe professionnelle.

Bonjour Maxime. Nous sommes une semaine après la victoire contre Boulazac. Comment te sens-tu ?

Bonjour. (Il hésite). C’est diffus. Je me sens soulagé car on a quand même vécu une situation rocambolesque cette saison. Malgré le nombre de victoires acquises, on a joué notre place en Pro B jusqu’au bout. Je me sens aussi frustré parce qu’on aurait mérité d’avoir un autre type de fin de saison). Et je me « déterjecté ». Un mélange de déterminé et projeté. Sur le développement qu’on doit avoir et donc le travail qui est le nôtre depuis une semaine.

Quel sentiment prédomine chez toi aujourd’hui ?

La détermination parce que je ne changerai pas le passé mais que j’ai la possibilité d’agir sur qui va se passer dans le futur. Forcément on peut se dire que la saison a été longue et compliquée. Mais je tiens à préciser qu’avec 14 victoires (le bilan du LMB) sur les saisons précédentes, nous aurions fini 10èmes et non 16èmes. Si je vais dans les stats avancées, notre défense est points par possession est aussi bonne que les saisons précédentes et notre attaque plus productive. Le chemin n’est donc pas si mauvais que ça. 6 paniers dans une saison, est-ce que c’est grand-chose ? Je ne pense pas. Tours, à Saint-Quentin, Aix, à Saint-Vallier, à Denain, et Nantes. Avec ces 6 paniers en plus, nous aurions tous eu une lecture de la saison bien différente. Je ne peux pas laisser dire des choses sur nos prestations et le contenu de celles-ci qu’au regard du classement sans apporter ma vision de la saison.

C’était ta première expérience en tant que head coach d’une équipe de Pro B ? As-tu le sentiment d’avoir appris, progressé ? D’être plus mur en tant qu’entraîneur ?

J’ai grandi tous les jours. L’environnement je le connaissais (le club, la ville, l’équipe), mais je l’ai vécu avec un autre filtre. Donc oui, j’ai appris tous les jours. Même si je le savais, mon expérience de cette saison me l’a confirmée : le milieu est impitoyable.  Je sors grandi de cette expérience-là.

Avec le recul, qu’est-ce qui a manqué à l’équipe pour réellement convertir son potentiel ?

6 paniers… (rires). Ce que je sais, c’est que quand on discute avec nos collègues et homologues du monde du basket, des autres clubs, on trouve que le jeu produit cette saison à Lille était attractif. Peut-être qu’un ou deux paniers auraient permis d’enclencher une dynamique positive. Si on bat Tours et Aix en décembre, peut-être que la saison aurait pris une tournure différente. C’est comme ca, je ne peux plus rien y changer

Je pense qu’à certains moments, les objectifs collectifs ont été dépassés par les objectifs individuels. C’est aussi ce qui a fait qu’on a été up and down. La jeunesse est une explication de cette inconstance mais ce facteur-là a aussi joué dans nos résultats.

L’effectif a peu bougé pendant la saison contrairement à certaines autres équipes. Est-ce quelque chose qu’on aurait pu envisager autrement ?

Non. On a choisi ces joueurs, en connaissance de cause avec leurs qualités et leurs défauts. A partir de là on a construit en fonction de ça. Faire jouer 11 joueurs est un choix assumé, dans l’idée qu’on soit dans le partage notamment des temps de jeu. Ca n’a pas toujours été facile à gérer pour les joueurs, pour le staff mais c’est aussi ce qui nous a permis de combler notre inconstance. Si c’est pour changer ça et mettre « une star » dans le jeu qu’on cherche à produire, désolé mais non. ce n’est pas ma vision du basket. Nos 2 pigistes sont arrivés pour raison de santé et avec une condition : s’inscrire dans le collectif. J’assume le fait d’être parti avec mes 11 gars et d’avoir fini avec eux. Si c’était à refaire, je le referai.

La malchance a joué à un moment aussi. On pense à Zimmy en début de saison ou Asier en fin d’exercice.

Ces faits dont tu parles ne sont pas nécessairement à souligner en tant que malchance mais en tant que fait marquant de la saison. Zimmy prend un coup sur le premier match : il est out pour 3,4 semaines. Au moment de revenir, il se reblesse. Une fois revenu en décembre, l’équipe a pris des habitudes, a joué sans poste 5, avec beaucoup de jeu très au large. Au final, on remporte nos 4 premiers matchs à domicile. L’Équilibre est précaire. Quand on y touche, on peut soit le sublimer soit faire tomber le château de cartes. En janvier, Zimmy retombe mal après un choc. Il joue diminué par une blessure au dos et au poignet. Asier forcément je dois le mentionner. Tout part d’une petite pneumonie qui se transforme en infection pulmonaire sévère ; Mais je pourrais donner aussi les covid en décembre (Tours à domicile), en janvier où nous sommes privés d’Asier, de Vic… On dit souvent que la chance il faut la provoquer. Mais il y a des cercles infernaux. On a fait face mais on a aussi eu des moments plus compliqués. Je tiens à dire que toutes ces éléments ne sont pas liés à la pratique. Alex, notre préparateur physique a fait un travail remarquable. Nous avons eu très peu de pépins physiques. On était sur des problématiques de santé ou des événements fortuits, malheureux comme prendre un coup ou tomber sur un pied.

S’il y en a un, quel a été le moment charnière de la saison ?

Le tournant de notre saison, il se situe dans la Drôme car on aurait pu gagner ce match à Saint-Vallier. On est en course pour les playoffs. En le gagnant, on est quasi assuré d’être maintenu et on se sépare de cette partie du tableau si dense. Il a fallu relever la tête derrière et traverser une période pas évidente. C’est un moment charnière en terme de résultat, de classement.

Et ton meilleur souvenir ?

Il y en a plusieurs mais il y a un au-dessus des autres pour moi : le moment où les supporters ont offert à chaque joueur du staff un cadre représentant une action de jeu. C’est quelque chose qui m’a touché parce que ça m’a rappelé de magnifiques souvenirs de coach dans ma première expérience, à Limoges. On ressent beaucoup d’affect, d’amour à ce moment-là et ça m’a beaucoup touché.

Un mot sur le départ à la retraite d’un point de vue sportif de Jean-Victor Traore. Tu as constaté celui de Nicolas en juin 2021. C’est un autre gardien du temple qui sort du groupe aujourd’hui. Qu’apportait-il et qu’est-ce que son départ induit ?

C’est le leader, le garant des valeurs que le club cherche à véhiculer. Notre job de staff et des cadres c’est de véhiculer les valeurs du LMB. Une personne en moins dans les vestiaires pour remplir ce rôle. Il l’a fait avec tout l’amour qui l’anime. Ce sera forcément un manque. A nous de faire en sorte que d’autres personnes prennent son relai.

D’un point de vue sportif, il a toujours su prendre ses responsabilités au moment où il le fallait et les assumer. Son match contre Boulazac est à l’image du garçon. Il n’a pas fui, ne s’est pas caché. A nous de retrouver un go-to-guy qui soit dans le collectif comme Victor a pu l’être.

La saison s’est terminée sur une belle victoire devant une salle pleine. Ça veut dire que le public lillois avait envie de voir son équipe en Pro B la saison prochaine. Est-ce que ça t’a fait chaud au cœur de sentir ce soutien lors de la dernière sortie de ton équipe ?

On a senti un soutien fort dès le match à Denain. Le scenario est tellement cruel qu’on n’a pas su en profiter pour remercier les nombreux supporters qui avaient fait le déplacement pour nous soutenir. Mais c’est l’étincelle qui a mis le feu pour la suite. Nous sommes des privilégiés et on a envie de vivre ca : une communion avec une salle pleine, des gens qui ont envie de nous soutenir. On peut me dire ce qu’on veut sur Boulazac etc. Mais ils ont gagné les 5 précédents matchs en claquant 95 points. ON est parvenus à les éteindre et la salle a participé à ça. Une telle énergie, c’est galvanisant et extrêmement plaisant. Et puis c’est aussi un signal envoyé à l’extérieur : on est présents et on compte dans le paysage du sport métropolitain. On doit pouvoir faire valoir ca tous ensemble. 

Si on se projette sur l’avenir, Mohammed Aoun va prendre les rênes du centre de formation et de l’équipe espoirs. Tu le vois plutôt comme une perte pour le secteur professionnel ou une valeur ajoutée pour le centre ?

Ni l’un ni l’autre. C’est un souhait partagé de continuer à renforcer l’équipe première en apportant les savoir-faire efficaces de chacun. On a vu l’évolution des jeunes joueurs notamment pendant la saison. Le mérite en revient à Mo, Alex et Tony qui ont su développer les joueurs. Le chef d’orchestre de cette partie-là, c’est Mo. On va continuer à apporter cette force à l’effectif. Mo suit la formation du DES : Dans ce cadre il était important qu’il soit chef de projet. Le départ de Tony a induit l’arrivée de Mo sur le centre : c’est une plus-value pour tout le monde. Nous continuerons à être investis comme cette saison et on va y ajouter une autre ressource humaine pour être encore plus forts.

Les enjeux de cette intersaison sont assez élevés pour permettre aux redGIANTS de retrouver une place plus conforme à leurs standards de ces dernières saisons. Que peux-tu nous dire des premiers chantiers engagés ?

Les chantiers sont variés : Il nous faut évaluer ce qui a été fait pour pouvoir renforcer nos atouts et gommer nos lacunes tant sur le plan sportif qu’extra-sportif. Le chantier est permanent : il faut faire en sorte que la structure soit meilleure demain. C’est une tache quotidienne mais en ce moment nous avons plus de temps à y consacrer pour faire avancer les choses.

En termes de construction du staff, Mohammed aura des missions sur le centre de formation et sur l’équipe première. Nous sommes en recherche d’un assistant, et d’un deuxième préparateur physique qui va arriver pour apporter de nouvelles meilleures compétences pour servir au club.

Et puis, au bout de cette évaluation et des échanges avec joueurs et staff, il y a une projection autour de comment on le fait et avec qui. On a ce travail à faire qui prend du temps mais qui est nécessaire car il faut que tout le monde soit aligné : staff, joueurs et projet. Si on veut pouvoir faire une saison avec un minimum de changement, c’est un temps à faire maintenant car il est nécessairement moins bien fait en cours de saison.

? Aglaé COURTIAL

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