Entretien avec Maxime Bézin : « notre star doit être le collectif »

Maxime Bézin donne ses consignes à ses joueurs
Au coeur d’une semaine de travail avec son groupe, le coach du LMB, Maxime Bézin, nous a accordé 30 minutes pour évoquer le début de saison de son groupe, entre travail, ambitions et attentes nées d’un recrutement prometteur…

Bonjour Maxime. Nous sommes le mardi 16 novembre. Cela fait 2 mois que la saison a débuté. Comment vas-tu ?

Bonjour. Ça va, quelques nœuds au cerveau dus à la situation dans l’effectif actuel mais du baume au cœur quand je vois la réponse des joueurs face à la problématique rencontrée.

Quel premier bilan global tirer de ces premières semaines ?

Un bilan plutôt positif par rapport à ce jeune effectif, au chemin que l’on arpente, en comparaison avec celui que l’on voulait emprunter. On a eu une grande partie de notre préparation qui a été actée sur la cohésion sociale et opératoire. Nos résultats sont très dépendants de ça aujourd’hui. On peut voir que l’équipe vit bien dans son environnement du quotidien et celui des soirs de matchs.

La vie de Head Coach en Pro B est-elle conforme à tes attentes ?

Oui, on est dans le même rôle que celui à Limoges il y a quelques saisons maintenant, avec une gestion basket qui est une partie pas si importante que ça dans mon travail aujourd’hui. La part de management et de structuration est plus grande que celle du travail technique ou tactique à proprement parler.

Quel accueil as-tu reçu de la part de tes homologues que tu as affronté jusqu’ici ?

On est dans un milieu particulier où la compétition fait rage tous les week-end, y compris pour les postes qui sont les nôtres. J’ai des relations privilégiées avec certains entraîneurs avec qui j’échange, d’autres où il y a un peu de défiance ou de mépris. Quoiqu’il en soit, dans la vie de tous les jours, on n’est pas fait pour s’entendre avec tout le monde non plus, et ce n’est pas quelque chose qui me dérange plus que ça.

Maxime entouré de Mohammed (adjoint) et d’Alexandre (prép. physique)

Sur le plan du staff, pas mal de choses, de personnes, de process ont changé par rapport à la période 2017-2021. Peux-tu nous en parler ?

C’est important pour moi de pouvoir travailler et échanger avec des personnes qui vont m’amener à avoir une réflexion différente ou au moins remettre en question les convictions que je peux avoir, qu’elles soient dues à mon expérience ou mon feeling. J’ai aussi une appétence forte autour du travail vidéo et donc la constitution du staff a été pensée autour de ça. C’est la raison pour laquelle j’ai sollicité Mohammed en tant qu’assistant. Il a des qualités humaines et d’éducateur reconnues dans les catégories jeunes qu’il met à profit de notre équipe. Nous nous sommes également tournés vers Alexandre qui est un alternant en préparation physique. J’ai aussi sollicité Matthieu (assistant des Espoirs et entraîneur des U18) dans l’idée de l’accompagner dans son développement d’analyste vidéo. C’est à la fois une vraie fraicheur d’avoir un staff jeune et dynamique et c’est aussi dans ma personnalité d’accompagner, notamment dans la découverte du haut niveau. J’ai aussi la chance de pouvoir compter sur Tony qui m’aide dans cet accompagnement.

En termes de jeu, de mise en place tactique, es-tu dans les temps de passage envisagés ?

Je suis assez surpris de la façon dont on joue car je pensais que ce qu’on allait mettre en place défensivement serait beaucoup plus facile à appréhender que ce qu’on allait mettre en place offensivement. Au final, j’ai la sensation que c’est un peu l’inverse qui s’est passé, d’où ma surprise. Pour étayer ce propos, nous sommes la 4e attaque du championnat en points marqués par possession et la 8ème défense en points encaissés par possession. Je m’étais imaginé qu’à cette période de la saison, on serait sur un ranking inversé. On a eu un discours sur une équipe plus offensive et ça se traduit dans les faits. Je trouve ça très bien.

Ce qu’on entend autour du club, de la part des supporters notamment, c’est que l’équipe est plaisante à voir jouer. Comment parvient-on à allier jeu attrayant et efficacité (ou performance comme tu préfères)

Il y a plusieurs choses. Nous avons eu la volonté très tôt d’avoir un jeu rythmé, avec un peu plus d’animation et effectivement, ça a été une réflexion dès la période de recrutement. Si on veut arriver à ce résultat, il faut se poser la question sur l’effectif qu’on veut avoir. De ce point de vue, on a été plutôt performant dans notre recrutement. Le danger serait qu’on oublie l’aspect défensif et les efforts à fournir pour pouvoir gagner des matchs.

L’équipe a peu de blessés à déplorer. Mais les absences sont notables car les joueurs ont le même poste. Cela a un réel impact sur le rendement de l’équipe. Comment procèdes-tu pour contourner cette difficulté ?

Notre star doit être le collectif. A partir de là, je ne cesse de répéter aux joueurs qu’il faut qu’ils laissent le jeu venir à eux. On a développé cette capacité à faire fi des joueurs sur le terrain pour performer en tant qu’équipe. On s’appuie sur les forces des joueurs, quelque soit le poste sur lequel ils évoluent, on fait en fonction de leurs qualités et pas en fonction d’un système en particulier, ce qui nous permet de combler certaines absences. C’est plus difficile d’un point de vue défensif. C’est le job du staff de trouver des éléments tactiques pour contourner le problème, comme les trappes, les défenses de zone, tout en sachant que c’est quelque chose qui ne peut être efficace que si les joueurs sont dans le partage et le don de soi.

L’équipe semble présenter deux visages puisqu’elle est invaincue à domicile (3 victoires) mais fanny à l’extérieur (3 défaites). Y a-t-il une explication à ces résultats contrastés ?

On est beaucoup plus confortables avec nos repères, avec nos supporters au palais, qu’à l’extérieur, c’est évident. En même temps, je ne sais pas si on se poserait cette question si on avait gagné à Saint-Quentin, ce qui aurait dû être le cas (sourire). Ça doit nous amener à développer beaucoup plus de concentration, de rigueur et d’enthousiasme lors de nos prochaines sorties.

Lille fait partie des bonnes attaques du championnat, surtout à domicile. Pourtant, aucun joueur ne figure dans le top 10 des meilleurs marqueurs. Que cela signifie-t-il ? C’est voulu ?

C’est un vrai choix. On sait quand on a une équipe jeune par l’âge et l’expérience, les niveaux de performance individuelle peuvent être inconstants. Cette statistique mise en relation avec le jeu que l’on propose, doit nous assurer d’avoir une performance collective qui, elle, est constante. Au-delà de l’aspect basket, ça nécessite un management particulier car individuellement, les joueurs aimeraient à certains moments briller mais je préfère 10 lucioles à un halogène (rires).

Un mot sur quelques individualités. Celui auquel on pense tout de suite, c’est le capitaine, Jean-Victor Traore. Son rendement est à l’opposé de celui de la saison passée. A 36 ans, après l’avoir annoncé (la saison de la revanche), c’est un tour de force ?

(Il réfléchit). Le faire, c’est remarquable. Le dire puis le faire, c’est dantesque. Au-delà de tout ce qu’on peut voir sur le temps du match, je vois toute la partie cachée de l’iceberg dans le travail, dans la rigueur, dans l’accompagnement de ses co-équipiers, dans les principes qu’il véhicule, dans les valeurs du club qu’il incarne.

Du coté des jeunes, que retiens-tu ?

Je retiens plusieurs choses : la première et c’est forcément celui que je vais mettre en avant aujourd’hui, c’est Louis Lefevre qui a su profiter des absences sur le poste 5 et les combler de manière remarquable. Je suis forcément sensible à ça compte tenu de son parcours de formation au sein du LMBC et encore aujourd’hui avec les espoirs. Ensuite, le fait d’être extrêmement satisfait des jeunes pas si jeunes et pour autant encore jeunes Louis (R), Yohan et Lorenzo qui croquent à pleine dent le jeu qui leur est proposé aujourd’hui. Le fait de les voir en vouloir plus, ce n’est pas toujours évident en tant que coach mais par contre, ça nous assure un avenir plein de promesses.

Un mot sur celui qui découvre la division, Adonys ? Il y a toujours un risque à prendre un joueur non-référencé. Etait-ce un risque mesuré ?

On a passé beaucoup de temps à faire notre recrutement pour avoir les profils les plus en adéquation avec le jeu que l‘on voulait proposer. On a pu voir qu’Adonys était capable de coups d’éclats justement dans ce jeu-là. Ça veut dire que notre feeling a été plutôt bon quant à son recrutement. Il est toujours dans l’apprentissage des particularités de notre division, notamment autour du niveau athlétique de la PRO B et des défenses collectives proposées mais il avance.

Votre prochain adversaire est le leader, Saint-Chamond. On aborde comment ce genre de match avec une équipe jeune ?

Compte tenu du contexte (ndlr : absence de nos postes 5 et du fait qu’on soit sur notre 3ème déplacement sur les 4 derniers matchs), on y va avec beaucoup de détermination surtout dans l’idée d’avancer, de progresser, d’apprendre de nos dernières sorties pour faire en sorte que ce match se traduise par un meilleur basket que lors des matchs précédents.

Parle-nous de décembre. Il fait partie des mois charnières, des mois denses de la saison. Celui du LMB n’est, sur le papier, vraiment pas un cadeau non ?

C’est un mois chargé dans une période où les organismes sont fatigués. Il sera chargé mais comme pour toutes les équipes j’ai envie de dire. Quelques soient les adversaires qu’on joue, y a-t-il quelque chose de facile ? non je ne pense pas. Dans un mois où le mot utilisé sera « cadeau », il ne faudra pas que l’on compte sur les autres pour qu’ils nous en fassent. Comptons sur nous pour les fabriquer nous-mêmes. Le staff sera forcément mis à rude épreuve, dans l’optique de gérer les organismes, de permettre d’être le plus lucide possible, sur une période où on va jouer plus fréquemment que d’habitude, avec un public d’autant plus présent à cette période de l’année.

Merci Maxime pour le temps consacré

? Christophe DELRUE

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